"Pour arrêter, c'est avant tout une question de volonté."

 

Cette phrase, je lui urine dessus. Je lui défèque au visage. Je lui régurgite dans le sillon fessier. Parce que toutes les fois où j'ai vainement essayé de m'en sortir et que je l'ai entendu, elle sonnait dans mon esprit comme "tu vas te rater et ça parce que tu veux rester dans ta merde".  Comme si j'avais en adoration ma cuvette de chiottes puante. Comme si je me complaisais dans mon vomi. Comme si je vibrais que par brûlures d'estomac. Comme si je rayonnais que par mal-être. Comme si j'étais incapable de me rendre heureuse. Incapable de bonheur.

 

J'crois que là, j'ai pas besoin de préciser que la guérison fièrement anticipée, c'est pas encore pour aujourd'hui. Ca serait quelqu'un qui m'en parlerait, je lui répondrai que d'en avoir eu l'intention, c'est certes pas être guérie, mais c'est toujours avoir fait le premier pas sur la voie. Que je peux pas tirer un trait sur près d'une décennie de mauvais comportements du jour au lendemain. Que moi je suis là pour l'épauler le temps des premières titubations sur le chemin de la guérison et que, quand il aura pris assez confiance pour y marcher tout seul, je serai encore là pour l'accompagner.

Mais je suis pas gentille et bienveillante avec moi comme je peux l'être pour les autres. Je suis exigeante et intransigeante avec moi-même. J'attends de moi l'excellence et la réussite sans patience ni droit à l'erreur. J'ai trop de fierté ou trop de tabous selon les gens pour les déranger en demandant une aide au quotidien. J'ai pas de soutien, ni de la part de mes proches ni de professionnels de santé, que des silences censés enterrer l'existence du problème, des regards scrutateurs sur mon assiette, des mois de délai d'attente pour un rendez-vous avec un psychiatre ou un nutritionniste et cette phrase assassine : "il suffit d'avoir de la volonté".

 

Quitte à devoir faire la route seule, je vois pas ce qui me force à prendre le bon chemin puisqu'une fois à destination, il n'y aura encore personne.

 

Viny

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